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Ils étaient 200, 300 peut-être. Au moment où Yasser Arafat et les combattants de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) subissaient un déluge de feu dans le siège de Beyrouth-Ouest par l’armée israélienne, à l’été 1982, un groupe de jeunes gens, tous chiites et religieux, s’entraînaient au maniement des armes dans la vallée de la Bekaa sous la supervision secrète de gardiens de la révolution iraniens. Parmi eux, un étudiant en religion de 22 ans, Hassan Nasrallah, qui vient de terminer son second cycle d’études afin de devenir un clerc. Quarante-deux ans plus tard, celui qui est devenu le secrétaire général emblématique du Hezbollah meurt sous des tonnes de bombes larguées par l’aviation israélienne sur son quartier général de la banlieue sud de Beyrouth. Il laisse derrière lui une organisation tentaculaire, hégémonique au Liban et ennemi numéro 1 d’Israël.
L’histoire du Hezbollah débute à l’été 1982, en pleine invasion israélienne du Liban par Israël. La toute jeune République islamique d’Iran, qui voue l’Etat hébreu aux gémonies, a envoyé un corps expéditionnaire en Syrie afin de combattre au Liban. Mais il est déjà trop tard quand il arrive à Damas : l’armée israélienne a envahi tout le sud du Liban et assiège Beyrouth. L’ambassadeur iranien à Damas, Ali-Akbar Mohtachemipour, a alors une idée : former une guérilla chiite au Liban acquise aux idées de la Révolution islamique.
Le Hezbollah ne sort de la clandestinité que le 16 février 1985, avec la publication d’une « Lettre ouverte aux opprimés dans le monde », son idéologie et son programme : il s’affirme anti-impérialiste, antiaméricain et anti-israélien, anticommuniste aussi et enfin anticapitaliste ; il reconnaît l’autorité du Guide suprême iranien, Ruhollah Khomeyni, et ambitionne d’établir un Etat islamique au Liban.
Entre 1982 et 1985, les activités du Hezbollah sont essentiellement consacrées à la formation et à l’implantation. Mais parallèlement, des individus gravitant dans son orbite se mettent au service de l’Iran pour mener des attentats-suicides contre les forces étrangères présentes au Liban. Dès le 11 novembre 1982, 75 soldats israéliens meurent dans l’explosion du siège du gouverneur militaire à Tyr. Le 23 octobre 1983, les quartiers généraux américain et français de la Force multinationale d’interposition présente à Beyrouth sont visés : 241 marines et 58 soldats français sont tués. A l’époque, Paris est en conflit avec Téhéran, notamment pour son soutien à l’Irak, mais aussi pour avoir suspendu le contrat Eurodif d’enrichissement de l’uranium signé avec le chah. Ces attentats, revendiqués par une mystérieuse Organisation du Djihad islamique, sont attribués à Imad Moughniyeh, qui participe également au détournement d’un avion de la compagnie TWA et l’assassinat de citoyens américains ; il deviendra plus tard le chef militaire vénéré du Hezbollah, avant de mourir dans un attentat à Damas en 2008 attribué au Mossad.
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